Formation : une révolution copernicienne est-elle en marche ?

Formation : une révolution copernicienne est-elle en marche ?

J’ai repris le titre d’un article publié sur le site de la Harvard Business Review parce qu’il me parait être un révélateur de beaucoup de choses qui se disent actuellement sur la révolution de la formation. Premier point encourageant, pour une fois ce ne sont pas les outils technologiques qui sont mis au premier plan, mais plutôt les nouveaux comportement induits par eux. Vous pourrez lire l’article au complet ici : https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2018/02/18930-formation-revolution-copernicienne-marche/

C’est effectivement un article (de plus) très éclairant sur l’évolution de la formation et surtout de ceux qui la pratiquent. Toutefois parler de révolution me parait plutôt ambitieux, mais il faut bien attirer les lecteurs, visiblement même quand on s’appelle HBR. En fait, l’article tourne autour du concept de classe inversée, à peu près aussi ancien que l’apprentissage ou le compagnonnage. Bref, rien de très nouveaux sous le soleil mais il faut avouer que tout cela est bien expliqué.

Pour vous aider à décrypter le contenu de cet article, je vous propose de m’accompagner à travers un certain nombre de réserves que je vous soumets.

1) Un apprenant propriétaire de son projet de formation

L’apprenant propriétaire de son projet de formation, qui produit son propre savoir, cela veut vouloir dire dans certains cas le laisser se débrouiller avec la théorie, disponible à travers des ressources plus ou moins bien conçues. Bref, on s’est tous inscrit à des super MOOCs et nous n’en avons fini quasiment aucun. Vous commencer à voir ce que je veux dire ?

Ce que les partisans de la classe inversée oublient de préciser, c’est que cet apprentissage par tâtonnements, essais et erreurs, ne s’adapte pas à toutes les situations, disciplines et autres professions. Les chirurgiens et les chercheurs en fusion nucléaire m’auront compris.

2) Un formateur expert en questionnement

Bien entendu, comme professeur c’est sur le point 2) que je bute, et pas par simple corporatisme. C’est vrai que dans un dispositif de classe inversée, le professeur est un espèce d’entraineur, un facilitateur, qui aiguillonne les apprenants pour les entrainer dans la bonne direction. C’est donc un expert en questionnement, qui doit faire en sorte que les individus en formation se posent les bonnes questions, ne sautent pas les étapes et aillent bien jusqu’au bout de leur apprentissage. Ce qu’on oublie encore une fois de préciser, c’est que pour tenir ce rôle, il faut être encore plus maitre et expert de la discipline. Il faut maitriser parfaitement la théorie, la mise en pratique, comprendre les implications entre le domaine enseigné et ce qui gravite autour. Parce que nous retrouvons toujours cette même affirmation “il n’est pas dépositaire du savoir” sans explication. Cette phrase signifie que les apprenants trouverons le savoir par leurs propres moyens, elle ne signifie en aucun cas que ce n’est pas un expert du domaine. Au contraire !

Conclusion

En pédagogie non plus la génération spontanée n’existe pas. C’est pour cela que je ne suis pas tout en fait en phase avec cette double révolution copernicienne, si cela se réduit à faire de la classe inversée la grande solution.

En résumé, la classe inversée c’est prendre 3 jours pour un cours qui n’aurait nécessité que 3 heures, ce n’est pas pour toutes les disciplines et cela demande d’avoir à disposition un expert qui est prêt à laisser les étudiants patauger plutôt que de leur expliquer. Pendant 3 jours…

Effectivement la transformation fondamentale que nous sommes en train de vivre dans la société est la fin des productions de masse. Et à ce tire, il faut espérer que l’école bénéficie rapidement des avancées du numérique pour faire véritablement bénéficier à chaque élève d’un parcours unique. J’ai un exemple favori de ce modèle, c’est la société MyMuesli qui est capable de produire un produit différent pour chacun de ses clients. Des MOOCs mâtinés d’Intelligence Artificielle pourraient effectivement nous ramener à l’époque où l’école était un précepteur en face d’un élève. Mais dans ce modèle, il n’y a plus de place pour le professeur questionneur…

PS: Ce n’est pas très visible à la lecture de ce que je viens d’écrire, mais je fais partie des fervents partisans de la classe inversée. Partisan mais pas idolâtre, j’essaie de faire la part des choses entre les fois où le modèle est pertinent et celui où il l’est moins.

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