Parole de vieux freelance
En fait pas du tout, ça ne fait que trois années que je vogue de mes propres ailes, ce qui marque le caractère innovant des activités liées au numérique. J’avais déjà fait un premier point après une année d’activité dans Réflexions sur le modèle freelance . J’ai laissé murir, tout en continuant d’observer ce qui se passe autour de moi et quelquefois, je me souviens…
“De mon temps, on codait les sites Web avec Notepad”
On a longtemps eu l’habitude d’entendre nos anciens déclarer que “c’était mieux avant”, parce que “de mon temps, on avait du respect, le lait avait un bon gout de lait” et autres réflexions nostalgiques d’un passé disparu.
Aujourd’hui, nous sommes sur une trajectoire qui s’inverse de plus en plus, jusqu’à en devenir préoccupant. Voici quelques exemples qui m’interrogent depuis quelques temps, chacun demanderait à être développé plus avant, gardons cela pour plus tard.
- On nous a rebattu les oreilles avec les générations X, Y, Z et autres milléniums parce que nés après la diffusion pervasive d’outils numériques, ils n’avaient plus besoin d’apprendre à maitriser ces outils. Mieux, ils n’avaient rien à apprendre de leurs ainés, et on leur faisait même parfois confiance pour éduquer les plus anciens. Pendant des siècles les enfants apprenaient à maitriser le monde qui les entoure grâce aux parents, grands-parents et (accessoirement) leurs enseignants. Il aurait suffit qu’apparaisse l’ordinateur, et surtout le téléphone portable, pour que la tendance s’inverse ? Avec des exemples du style : “Viens Mamie, je vais te montrer comment marche WhatsApp pour que tu puisses me parler”.
- Les vieux modèles hiérarchiques sont dépassés, les entreprises doivent maintenant s’organiser de manière horizontales, par projets autonomes. Les entreprises aujourd’hui se doivent d’être à minima Agiles et tendre vers l’entreprise libérée ou encore l’holacratie. On pourrait même se demander si “entreprise” ne va pas devenir un mot du passé, remplacé par “start-up”.
- Et pour faire bonne mesure, plus besoin de salariés, trop sclérosés, figés dans des fiches de postes impossible à faire évoluer. Il faut maintenant faire appel à des freelance pour être plus agile (voir paragraphe précédent) et autres poncifs.
Que faut-il penser de la mode “freelance”
Pourquoi tout à coup ce mode de travail est-il devenu si populaire ? Après une petite analyse, il me semble qu’il y a principalement deux facteurs à cela :
- D’une part, la recherche de liberté, parce que dans freelance il y a free. Avec en alternative, le carcan “métro-boulot-dodo” que l’on a subi soi-même, à moins que ce soit nos parents qui l’ont vécu (on reviendra sur l’âge du freelance).
- L’évolution de l’intérim sous la pression du numérique. Les entreprises ont depuis longtemps cherché à externaliser une partie de leur masse salariale, mais auparavant, cela se faisait par l’intermédiaire de société d’intérim. C’est encore le cas dans de nombreux métiers, mais si on regarde bien, plus le métier est “numérique” et plus la société d’intérim a des chances d’être remplacée par une plateforme.
Freelance n’est pas une mode, c’est le début de l’Ubérisation des société d’intérim. Pour l’instant cela touche principalement les métiers “numériques” (développeur, intégrateur Web, Designer, etc.) mais au fur et à mesure que la société se numérise, cela va toucher de plus en plus de métiers.
Il y a une troisième facteur, mais qui se dilue dans le précédent. Je m’explique. Il y a aussi une peur panique d’embaucher la mauvaise personne, ou d’embaucher tout court. Ce qui fait qu’on est souvent trop jeune, ou trop vieux, ou pas assez expérimenté, ou trop, ou encore d’autres problèmes impossibles à mentionner (sexisme, racisme, etc.). Bref, pour certains freelance c’est un bon moyen de se créer son propre boulot, et de passer à travers les mailles du filet de l’embauche. Dans le passé, ces profils se dirigeaient vers l’intérim pour les mêmes raisons de barrière à l’entrée. Donc, le troisième facteur est un corolaire du second, de la migration de l’interim vers le freelance.
Le profil du freelance
Freelance, par choix ou par nécessité ? Difficile à dire, parce que cela peut souvent être un mélange savant des deux. Nous pouvons trouver de nombreuses motivations au choix de ce statut.
- Un salarié mal dans son boulot pour diverses raisons : salaire, charge de travail, etc.
- Un jeune diplômé qui a du mal à accrocher son premier boulot.
- Une personne qui souhaite pouvoir travailler avec des horaires “à la carte”, de chez soi.
- Une personne qui a des compétences pointues sur un domaine en tension et qui pourra les monnayer plus efficacement.
C’est un truc de vieux ou de débutant ?
Par conséquence, il n’y a pas vraiment un age d’or pour être freelance. Ce qu’il faut surtout c’est déjà d’être motivé et d’en avoir les compétences. En fait plus que des compétences, c’est quelque chose entre le potentiel et la capacité.
Les qualités pour être freelance
Remarquez que je n’ai pas dit “un bon freelance” mais j’aurais aussi été tenté d’écrire “un freelance heureux“.
En priorité je mettrai : autonomie, qui s’associe avec la capacité à travailler tout seul.
- Il faut être capable de passer du temps à bosser seul sur un sujet ardu sans pouvoir demander d’aide, et en même temps il faut aussi savoir comment trouver cette aide avant qu’il ne soit trop tard.
- Il faut savoir se former tout seul, au bon moment et sur les bons sujets.
- Il faut savoir se donner des objectifs à court, moyen et long terme. Et il faut s’y tenir.
Ensuite il faut être multitâche, organisé tout en aimant être dans le chaos.
- Il faut pouvoir planifier sur le long terme, tout en étant très dynamique (agile…) sur le court terme.
Il faut sans doute beaucoup d’autres choses que je n’ai pas encore découvertes, merci de les ajouter en commentaire !